Impossible de parler DPE ou d’audit énergétique sans aborder le fameux coefficient d’énergie primaire (ou CEP pour les intimes, ou encore FEP). Derrière ce nom barbare se cache une réalité qui impacte directement vos chantiers, vos recommandations et… la vision des particuliers sur leurs logements.
C’est quoi le CEP, FEP, kWh, énergie finale ?
Le coefficient d’énergie primaire est LA clé de conversion qui transforme ce que le client voit sur sa facture (énergie finale) en ce qu’il a fallu mobiliser à la source (énergie primaire). En gros : combien d’uranium, de gaz, de fioul, de charbon ou d’énergies renouvelables il a fallu pour fournir 1 kWh utile dans le logement ?
- Pour l’électricité : la production d’électricité à partir d’énergies primaires présente des rendements relativement faibles (en particulier pour les centrales thermiques), ce qui explique que le coefficient d’énergie primaire de l’électricité (2,3 avant la baisse annoncée) soit élevé.
- Pour le gaz ou le fioul : c’est direct, le rendement est virtuellement de 100 %, coefficient de 1.
Ce coefficient de conversion (fixé par arrêté) permet de comparer équitablement les consommations et de poser des critères objectifs pour piloter la rénovation à l’échelle nationale. C’est un vrai outil de simplification du DPE, même si ça reste technique pour les non-initiés.
Rappel : Chaque énergie a son propre coefficient ! Un chiffre qui peut tout changer dans le classement DPE, l’accès aux aides, les arbitrages entre isolation, chauffage, production d’eau chaude sanitaire, etc.
Pourquoi modifier le CEP ?
Le CEP n’est pas gravé dans le marbre : c’est une valeur nationale, fixée par Matignon, dans le cadre de la directive européenne sur l’efficacité énergétique. Modifier ce coefficient, c’est jouer directement sur les règles du jeu de la rénovation : qui a intérêt à bouger les lignes ? Pourquoi ? À quelles fins ?
Un enjeu technique
- Baisser le coefficient de l’électricité, c’est donner un sacré coup de pouce aux logements chauffés à l’élec (chauffage radiant, pompe à chaleur), au détriment du gaz.
- Ça a déjà été fait : de 2,58, on est passé à 2,3. La France propose de le descendre à 1,9 au 1er Janvier 2026. L’Allemagne est à 1,8.
“Pour les économies d’électricité en kWh, les États membres appliquent un coefficient afin de calculer avec exactitude les économies d’énergie primaire qui en résultent. Les États membres appliquent un coefficient par défaut de 1,9, sauf s’ils font usage de leur pouvoir discrétionnaire de définir un coefficient différent en fonction de circonstances nationales justifiées.”
Directive UE 2023/1791, Article 31
La cohérence du mix énergétique
On ne joue pas avec le CEP comme on change les murs d’une maison. Si un pays reste très dépendant aux énergies fossiles (gaz, charbon…), baisser le coefficient de l’électricité revient à “verdir” artificiellement le parc… et à booster la note DPE sans rien changer sur le terrain. Attention à l’effet miroir : ce n’est pas parce qu’on améliore la note sur le papier que la consommation d’énergie primaire réelle baisse !
En France, le mix électrique est bas carbone (merci le nucléaire) mais le rendement thermodynamique reste faible (≈33 %). D’où ce coefficient élevé. Et ce débat n’est pas que franco-français : chaque modification a des impacts sur la situation des bailleurs, le classement des logements, l’accès aux financements et les obligations réglementaires.
Les débats actuels autour de l’abaissement du CEP
Eté 2025 : le gouvernement a proposé de faire passer le coefficient d'énergie primaire de l’électricité à 1,9. Objectif annoncé : ne plus pénaliser les logements chauffés à l’électricité (souvent mal classés DPE) et pousser la sortie du gaz. Mais attention aux effets pervers :
- Sortie massive de passoires thermiques : un simple changement de coefficient ferait “sortir” 1 million de logements du statut de passoire, sans un gramme d’isolation en plus. Bonjour la baisse de la dynamique travaux.
- Risque de blackout : en boostant l’électricité sans repenser le stockage ou la production, on s’expose à de sacrés problèmes en cas de pics hivernaux.
“Ce n'est pas en cassant le thermomètre qu'on soigne la fièvre. Ce n'est pas le coefficient qu’il faut changer, ce sont les logements qu’il faut rénover.” - Jean Charles Colas Roy, Coénove
Quels enjeux pour les pros de la rénovation ?
Pour les diagnostiqueurs, bureaux d’études, artisans ou bailleurs, comprendre le coefficient d’énergie primaire, c’est maîtriser la règle du jeu pour orienter les projets :
- Anticiper les nouveautés réglementaires et leurs impacts sur vos clients
- Adapter les calculs et préconisations travaux (combustibles fossiles, PAC, autres énergies…)
- Valoriser la performance réelle, pas juste la note DPE
- Optimiser les coûts travaux/financement/aides
- Être force de proposition sur le rendement et le choix des systèmes (chauffage, ECS, éclairage…)
kelvin° une solution pour gagner en efficacité

Chez kelvin°, on a bien compris que pour les pros, il fallait des outils robustes pour fiabiliser les estimations, qualifier les projets… et répondre en temps réel aux attentes des particuliers.
Notre solution ?
Une plateforme 100 % dédiée à la rénovation énergétique :
- Simulation et qualification à distance : en partant d’une simple adresse, Kelvin estime la performance énergétique du logement, identifie les scénarios de travaux les plus pertinents (isolation, PAC, etc.), chiffre les coûts, et simule l’impact sur le DPE.
- Rapport personnalisé : scénarios, estimation des aides (CEE, MaPrimeRénov’), rapport .pdf à partager… tout est automatisé, standardisé et actionnable.
- Veille réglementaire: kelvin° est automatiquement mis à jour pour suivre les changements que ce soit en matière d’aides (MPR, CEE) ou en matière de règles de calcul.
Parce qu’au final, changer la manière de qualifier les projets, c’est accélérer la rénovation réelle du parc, et rendre la transition énergétique (enfin) concrète.